Biographie

Né à Montréal en 1933, Rosengarten obtient un baccalauréat en arts de Sir George Williams College en 1956. Par la suite, il étudie la sculpture à Londres à la St.Martin’s School of Arts, notamment avec les sculpteurs Eduardo Paolozzi et Anthony Caro. Ces études ont été suivies d’un stage en coulage du bronze à la Central School. Après son retour au Québec, le sculpteur a établi ses quartiers dans une ancienne crèmerie des Cantons de l’Est, à Way’s Mills, qu’il a aménagée en fonderie. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions individuelles et collectives au Canada et à l’étranger et une rétrospective lui a été consacrée en 2004 au Musée des beaux-arts de Sherbrooke. L’artiste a aussi enseigné dans plusieurs universités et cégeps du Québec.

https://www.rosengarten.ca/

 

Cette exposition spéciale de dessins d’après modèle vivant est le fruit d’une collaboration de plusieurs années entre l’artiste Rosengarten et la modèle Lyne Charlebois. Les dessins sont des encres sur papier réalisés avec des peignes en bois. Cet outil tend à produire l’imprévu. Il s’agit d’un processus plein de surprises, de risque et d’accidents. Il en résulte une manifestation graphique spontanée de Lyne Charlebois, de son extraordinaire présence, de sa discipline et de sa grâce.

La représentation du corps humain est au cœur des préoccupations artistiques de Rosengarten. Fasciné par la sculpture africaine, gréco-romaine et de l’ancienne Égypte, l’artiste produit des sculptures avec différents matériaux qui témoignent d’une vision du corps fragmenté. Passionné par le dessin d’après modèles, il réalise des nus féminins à l’encre de Chine avec la plume, le pinceau et des peignes en bois achetés dans le quartier chinois. Les peignes lui permettent de créer des trames de différents gris qui confèrent à ses dessins une facture moderne, qui rappelle certains dessins des futuristes italiens ou des premiers artistes cubistes. La fusion de ces traces de corps humains avec de gros aplats noirs et des trames de gris produit un détournement des formes en regard de la perception courante du nu féminin qui engendre un sentiment d’inquiétante étrangeté. Les nus de Rosengarten s’apparentent à des machines anthropomorphiques, une conception du corps qui a traversé le vingtième et le début de ce vingt-et-unième siècle, depuis la Mariée mise à nu par les célibataires de Marcel Duchamp jusqu’aux androïdes qui pullulent dans le cinéma contemporain.

Dans son ouvrage posthume, The Flame, son ami Leonard Cohen lui a rendu hommage. Voici un extrait : Si vous avez un mur, un mur nu dans votre maison / Tous les murs de ma maison sont nus / Et j’aime beaucoup les murs nus / La seule chose que je mettrais / Sur l’un de mes bien-aimés murs nus /Non, pas bien-aimés / L’adjectif n’est pas nécessaire / Le mur est très bien comme il est / Mais / J’y placerais un Rosengarten / Fabriqué avec un peigne en bois et de l’encre noire / Un Rosengarten qui s’en va nulle part / Pour toujours en un tourbillon / De courbes parallèles indélébiles. (Traduction de Michel Garneau).

 

Image : Rosengarten, LD_12_K_030, 2012. Encre. Dessin au peigne, 50 x 35 cm.

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